L'Enfant-deuil

à la mémoire de Sophie Olaso (30/08/1985 - 09/12/1985)




Très chère Sophie,
Ces vers je t’écris
Je ne t’ai jamais connue
Tu étais déjà partie quand je suis venu

Quand je fus conçu
Survivais le deuil
De ton passage qui fut
Trop court, comme cette feuille

Trop courte pour m’exprimer,
Pour te dire combien je t’aime
Mais je t’ai trop souvent oubliée
Pour des choses qui n’en valaient pas la peine

Tu étais trop pure
Pour rester dans ce monde dur
Où Babylone règne en maîtresse
Et s’est même proclamée déesse.

Ton âme s’est envolée
Et ton petit corps est resté
Piégé dans une tombe de ce cimetière
Devant laquelle toujours mon cœur se serre

Et puis j’ai pris ta place ici
Mais n’effaçant pas le souvenir
De ton doux sourire
Nous disant que pour toi c’était bientôt fini

Je sais que tu veilles sur moi
Désolé, je voulait remplir de fierté notre maman
Mais depuis tout enfant je suis décevant
Mes yeux s’embuent en pensant à ce que tu souffres en baissant les yeux sur moi

Tu n’as vécu que dix jours et trois mois,
J’ai vécu plus de soixante fois
Ta durée de vie
Mais je crois que je n’en ai pas encore tout appris.

Si je t’écris ces versets
C’est pour te dire que je t’aime et t’aimerai
Et pour te demander de me pardonner
Toutes les déceptions que j’ai pu te causer

Très chère Sophie
Ces vers je t’écris
A toi l’Enfant-deuil
Qui de là-haut me protège et me surveille.



(p) & (c) Achim Shark 2004

Commentaires

  1. Marc,

    je ne sais comment exprimer ce que ce poeme a touche comme corde sensible en moi, mais je n'ai pu retenir mes larmes d'emotion a la lecture de ces vers magnifiques que tu as sublimés pour ta soeur.
    Je t'aime mais je ne saurais aimer avec autant de pureté que toi. Peut etre cela m'a t il renvoyee a ma propre bassesse ...

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