JoeyStarr - Gare au Jaguarr

JoeyStarr, membre fondateur des NTM est passé de référence musicale, grâce à son groupe et leurs 4 excellents albums et leurs prestations scéniques, au statut de "rappeur-type" dans la tête du français moyen, notamment grâce à ses frasques judiciaires et ses prestations télévisuelles et ce -paradoxe- en ne rappant quasiment pas.

En effet que s'est-il passé depuis le dernier NTM dans l'actualité rapologique du Jaguarr Gorgone ? Pas grand-chose. "Gaz-l" sur la BO d'Astérix&Cléopâtre, quelques featurings (la Brigade, Disiz, Fdy, Futuristiq, Fat Cap...) pas toujours convaincants. Et puis rien. Joey avait délaissé la casquette de MC pour celle de producteur, poussant ses poussins du BOSS. Alors évidemment après 8 années quasi-silencieuses on a le droit de craindre que le "jus de soleil de Seine-Saint-Denis" qu'est "Gare au Jaguarr" soit quelque peu indigeste.

C'est donc avec pas mal d'appréhension que je me suis procuré le premier album solo de JoeyStarr, quoi qu'un peu rassuré par quelques bons échos sur le net. Ne sachant à quoi m'attendre j'ai posé le CD sur ma platine.

L'album commence en trombe par des guitares saturées, un beat sauvage et un Joey hurlant "J'arrive, j'arrive, j'arrive... esquive !", énervé comme jamais. La première impression est bonne et les craintes volent en éclat. Mais vite une autre vient s'insinuer dans l'esprit : Pourra-t-il continuer à hurler pendant une heure sans lasser ? Heureusement le vieux roublard du 93 n'a pas passé l'album à hurler mais bel et bien à rapper, nous offrant même une leçon de flow avec "Pose ton gun 2" (plutôt une suite de "Police" à mon sens, mais bon...). Brassant toutes ses influences, passant du rock au dancehall en passant par la biguine ou la chanson française, Joey se fait plaisir, sans calcul n'y prise de tête ce qui rend l'album frais et original.

Ecrit pendant les émeutes d'octobre 2005, l'album en est profondément marqué, que soit sur "Cours", "Hot Hot", "Soldats" avec des Fat cap en grande forme ou encore "Chaque seconde" avec la collaboration du chanteur du BOSS, D.Dy qui donne de la profondeur au morceau.

A croire que tous les participants à l'album aient été en grande forme pour notre bon vieux Joey. Même Dadoo (qui réalise l'album) nous fait une excellente prestation sur "93 déboule". On regrettera juste le très mauvais titre dancehall "The Jam" (avec Nathy et Mr. Toma) qui plombe complètement la fin de l'album qui jusque là fait vraiment plaisir même si "Cours" et "Hot hot" sont un peu trop brouillons à mon avis.

On a droit à des gros délires alcooliques et drogués avec "Carnival" et "Cigarette piégée" dans des ambiances complètement folles, aux flows et instrus variables et changeants.

Poursuivant son introspection initiée sur "Laisse pas traîner ton fils", JoeyStarr nous offre "Métèque" reprenant "Le métèque" de Georges Moustaki (qu'on entend sur le refrain), un pur bijou, le morceau le plus fort de l'album.

Au final, aucune déception, Joey nous offre du vrai bon son. On sent que cet album a été fait avec les tripes, sans calcul, et ça en fait tout le charme. Un album qui pue l'urgence, tout en énergie, taillé pour la scène. Gare au Jaguarr, il n'est pas encore hors-jeu !

Note : 16/20

Tracklisting :
01/ J'arrive
02/ Intro
03/ Métèque
04/ Bad boy
05/ Hot hot (Hâte-toi)
06/ Soldats (feat. Fat Cap)
07/ Question 1
08/ Pose ton gun 2
09/ Question 2
10/ Chaque seconde (feat. D.Dy)
11/ Cours
12/ Carnival
13/ Cigarette piégée
14/ 93 déboule (feat. Dadoo)
15/ The jam "West Indies break bites" (feat. Nathy & Mr. Toma)





(p)&(c) Achim shark 2008
artwork par Jeanne Dubois/Photo par Seb Janiak
http://www.joeystarr.fr

Commentaires