Maître la tempête lance [Les pensées secrètes d'un allemand psychotique]

Comme chacun le sait après une lecture rapide de ma présentation j'aime faire ce que je ne sais pas faire, notamment chanter.

Et c'était ce qu'il y avait de merveilleux pendant ma mission, je chantais tout le temps ! Mal, certes, mais je chantais tout de même et ça me rendait l'âme joyeuse. Evidemment, cela n'a pas été sans créer quelques situations traumatisantes comme la fois où après avoir chanté chez une amie de l'Eglise celle-ci me regarda et me dit : "Tu as une belle voix. Seulement tu ne sais pas du tout l'utiliser..." Pour être parfaitement honnête, sur le coup cette expérience me procura une immense fierté, c'est seulement plus tard que le traumatisme vint. Mais d'autres fois les expériences me marquèrent tout de suite. Je pense ici à ma visite chez Léonie Didier avec elder Paulet où ce dernier éclata de rire lorsque je me mis à chanter parce qu'il "ne s'attendait pas à ça".

Tout de même, cela restait dans le domaine du supportable. Jusqu'à ce que je reçusse un nouveau collègue, elder Heckmann l'Allemand. Allemand, je vois pas de meilleure description de ce jeune homme organisé, droit, sérieux, sportif, grand et blond. Sans compter ses yeux. Enfin bon, toujours est-il qu'il fut mon collègue durant 7 mois. Il me raconta alors qu'il supposait que je chantait très bien parce que chaque fois que j'avais chanté avec lui auparavant c'était en groupe, je chantais sur un ton un peu différent et il imaginait que je faisait des styles tellement je maîtrisais le chant.

Le malheureux ! La désillusion fut grande. Et elle le fit rire au milieu de nos leçons chez soeur Tauaroa ou Steeven Moueaou, elle chassa l'esprit de nombre de réunions de districts et d'études en équipe. Après un peu de temps il arriva à se retenir mais dès lors je possédais un énorme pouvoir sur lui. En posant mes yeux sur lui durant nos chants je le maîtrisai de manière à le faire rire selon ma volonté. Il souffrit beaucoup de cette situation et essaya à de nombreuses reprises de me maîtriser de la même manière mais il n'y parvint jamais. Jamais. JE suis le maître absolu de son rire.

Tout de même cela pouvait être un gros handicap à notre travail comme ce soir-là chez frère Temorere. Après une leçon édifiante nous commençons à chanter "Maître la tempête lance", magnifique cantique s'il en est. Tout ce passait bien lorsqu'une idée saugrenue entra dans l'esprit de l'Allemand. Il eut ce qu'on pourrait appeler une vision, une vision de moi, un chapeau de marin sur la tête faisant barboter une bateau en papier dans un lavabo. Et évidemment il en rit et pas qu'un peu.

Les allemands sont fous.





(p)&(c) Achim Shark 2008
filmé par elder Heckmann

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