Aelpéacha - Le pélerinage

Un pèlerinage, c’est toujours un moment à part dans la vie d’un croyant. Aelpéacha, fervent croyant en la gangxtatitude et défenseur acharné du code de la ride ne fait pas exception à la règle. Lorsque certains vont à La Mecque ou à Jérusalem, lui s’embarque pour LA se recueillir sur la tombe d’Eric Wright aka Easy-E, feu leader du groupe NWA, terrassé par le virus du sida en 1995.

La légende raconte qu’un des membres les plus actifs de la scène g-funk française a eu une révélation sur la tombe de son maître spirituel. Ce qui est certain c’est que ce voyage marque de son empreinte ce nouvel album solo du membre du CSRD, de loin la meilleure et –même si le mot est mal trouvé- la plus mature de ses productions. Cela se ressent jusque dans la magnifique pochette, quoi qu’épurée au maximum –autoproduction oblige-.

Alors que les ex-ninjas se mettent au dirty south, le A revient mettre les riders au top et les basses bien fortes. Toutes les prods sont signées par Aelpéacha et n’ont pas grand-chose à envier à celles de Doggystyle du docteur André et Snoppy Chien-Chien. Les productions sont riches, pleines de basses rebondies et de mélodies dansantes, difficile de ne pas bouger la tête durant les 17 tracks, le coude à la fenêtre de la caisse pendant une ride phénoménale.

Aelpéacha réussit le pari difficile de divertir sans abrutir. Il ne se réclame ni conscient, ni gangster, ni sauveur du rap, du monde ou quoi que ce soit d’autres, c’est juste un type qui fait la musique qu’il aime pour kiffer les gens. Il en ressort des bombes comme « Ca vaudrait le coup d’essayer », du divertissement pur au refrain des plus clairs « On pourra pas s’envoyer toutes les meufs de la planète/Mais ça vaudrait le coup d’essayer quand même/En s’appliquant on pourrait faire un bon score », ou encore « Couleurs », « J’ai de la gangxta shit » ou « Rider otop ». La forme prime clairement et le fond n’a d’autre prétention que de mettre de bonne humeur. Et force est de constater que ça fonctionne !

Le 26 mars 1995, la West Coast repose en paix avec son papa Eric Wright aka Easy « muthafuckin’ » E. C’est sûr, mourir du sida ça a moins de classe que 6 balles dans le buffet, alors l’histoire a plutôt tendance à se rappeler 2Pac. Mais le A sait à qui il doit son oreille et son soleil, et rend à Easy E ce qui est à Easy E, un 44 oz de Jack. J’ai envie de partir dans un délire à la Pierre Bellemare où il lit les pensées et les sentiments des gens par la réaction, ce qui est assez hasardeux et souvent faux, mais je m’abstiendrai. Toujours est-il que l’empreinte de ce pèlerinage marque l’album entier (je sais, je me répète) et se ressent par une prise de conscience du temps qui passe ainsi que de l’apparente immaturité du mode de vie laid-back d’Aelpéacha et ses homies. Le A nous sert en conséquence « Rien n’a changé », « La vieille école » et le « Bon vieux temps » aux accents lyriques de Céline Bortalis, accents assez étranges au premier abord, d’autant que miss Bortalis n’est pas Charlotte Church, mais qui finalement passent bien. Mon coup de cœur reste néanmoins « Jamais grandir » avec un couplet hallucinant de Pimp Psy.

« Le pèlerinage » est sans conteste le meilleur album d’Aelpéacha, avec un petit peu de sens mais toujours autant laid-back, un disque parfait pour rider en été et se réchauffer en hiver.





(p)&(c) Achim Shark 2008
artwork par BG Elf

Commentaires

  1. Il n'y a pas à dire, l'album est au top. Mais à mon avis, il n'y a que dans une berline que ce son donne toute sa puissance. Il n'y a qu'en rydant qu'on devient ryder, et il n'y a qu'un ryder ne peut comprendre que cet album est la synthèse d'une journée passée entre le trottoir, les stations essences, les vices des gens, et qui fini par un retour chez soi plutôt nostalgique du bon vieux temps.

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