Les Gourmets « Soyons sales »

Depuis quelques temps les Gourmets, c'est la petite bête qui monte tranquillement mais sûrement dans les affres de l'underground grâce à une avalanche de concerts et une certaine productivité. Fruit de leurs nombreuses collaborations et d'une évolution musicale perceptible depuis « Trop jeunes pour mûrir » (souvenez-vous « Dirty dancing » !) ils nous proposent un EP digital 9 titres : « Soyons sales » dispo légalement un peu partout sur le net.

Commence donc « Soyons sales », seul titre 100% Gourmets qui donne l'ambiance générale du skeud. Le son, produit par les talentueux Bonetrip's et Tcheep a totalement viré vers l'électro-crunk survolté sans être aussi extrême que « Ni dieu ni maître » de la Spirale. Le titre (et l'EP en général) est fait dans le seul but de faire bouger les têtes et les corps. Les textes sont travaillés dans la forme mais le fond reste assez creux, pour le coup les Gourmets viennent squatter chez un type, pillent son frigidaire et emmènent sa copine dans les sanitaires.

Bonetrip's et Tcheep sont assez bons pour faire ressortir la musicalité de leurs synthés, malgré tout cela peut devenir lassant au bout de 45 minutes. La seconde chose marquante du skeud est l'omniprésence de guests d'horizons très divers avec, en bloc, le Vrai Ben, Sept, Radioinactive, Seth Gueko, Carmen Maria Vega, Grems, Existerio et beaucoup d'autres. Malgré tout le EP reste assez homogène, les invités s'adaptants à l'univers des Goumets plutôt que l'inverse.

On a l'occasion de le remarquer dès le second titre, « Lèche vitrines » avec H et Dictate. Appuyé par de nombreux scratches le beat est plus fat et violent que précédemment mais l'ambiance reste sensiblement la même. Le thème est déjà vu mais reste frais avec un peu d'humour contre ces filles qui recherchent deux qualités chez leurs hommes : (1) un porte-feuille bien rempli et (2) prêt à s'ouvrir. Ca reste assez caricatural (sans être tout à fait faux) mais terriblement jouissif ! L'exercice de style suivant « Sèche tes larmes » suit le modèle musical de ses prédécesseurs. Il est basé sur la phase de Snoop dans « Lodi Dodi » (il me semble) « Don't cry/Dry your eye ». La prestation de Fayce le Virus est décevante et celle du Vrai Ben trop courte malgré quelques bonnes punchlines : « C'est le Vrai Ben, c'est les Gourmets, sors de ta bulle/C'est le nouveau son qui tue les vieux encore mieux que la canicule ! ». Ca se laisse écouter mais la similarité des instrus commence à fatiguer.

Seth Gueko vient prêter main-forte aux lyonnais dans « Rois de la jungle ». L'instru est beaucoup plus sombre et oppressante et crée un heureux contraste avec ses prédécesseurs. Le titre se laisse écouter bien qu'il n'en sorte rien de spécial au final.

« Garçons facile » (avec Grems et Sept) est mon morceau préféré du EP. L'instru est basé sur une ligne de basse bien groovy et le texte plein d'humour présente l'autre côté du sempiternel morceau sur les meufs : des mecs affamés ! « Salopes, plutôt garçons faciles/Le jean est bas et la couleur du caleçon attire/On a le porte-feuille à la main [...] Traite la féminité comme un morceau viande/Mais t'es plein de timidité quand son corps se cambre [...] Je peux mettre ma tête dans ta choune ?/Je me suis rasé le crâne [...] C'est le retour des hommes faciles/Qui pour séduire comptent sur le facteur chance/Et ne se fient qu'à leurs sens... », le tout est parfaitement résumé par le refrain de Sept : « Dégénérés, obsédés par la pénétration à l'huile/On a été élevés à la frustration tactile/Parés à t'allécher dans toutes les situations ma fille/On est des garçons faciles ! ». C'est sûr, ça ne vole pas très haut, mais c'est fun ! C'est d'ailleurs l'ambiance de l'ensemble du disque, fun mais ça ne vole pas très haut, sa qualité et son défaut, ce pourquoi on aime ou pourquoi on déteste.

« Comme un plein temps » est le seul son non-produit par Bonetrip's et Tcheep. Nil sert une instru très électro assez fun avec une intro samplant l'apparition de Kid Rock dans les Simpson, un « Are you ready to rock ? » enflammé qui met direct dans l'ambiance. Les 3 MC's expliquent alors qu'ils « ne font pas semblant » et que s'ils arrivent à avancer dans leurs carrières c'est dû à leur implication et leur travail, motivant les jeunes à faire de même des efforts pour réaliser leurs rêves. « Là-bas » avec la chanteuse de leur label, Carmen Maria Vega a le mérite de changer radicalement d'ambiance avec titre assez calme se basant sur l'idée que nous ne sommes pas seuls dans l'univers. Par voie de conséquence, nous devons (en tant qu'êtres humains) être humbles quant à nos capacités et notre intelligence (d'après ce que j'ai compris). Honnêtement, ce titre ne m'a personnelement pas du tout convaincu et me paraît un peu téléphoné.

Viens pour clôture la « Cypher version » et le remix de Ddamage rebaptisé « Stay dirty now ! » du morceau titre avec beaucoup de guests américains (et pas des moindres). Si le premier reste supportable, il finit par ennuyer avant la fin des 7 minutes, quant à son successeur il ne fait que confirmer ce sentiment de lassitude (8 mn 30 c'est long !). Pourtant les MC's ricains nous offrent de superbes prestations mais ça ressemble trop à tout ce que l'on vient d'entendre pour qu'on y fasse attention.

Au final, un EP avec pas mal de qualités par un groupe talentueux mais qui souffre cruellement de redondance (surtout au niveau des instrus). Agréable à écouter de temps en temps, il en devient vite horripilant passé en boucle.





(p)&(c) Achim Shark 2009
Les Gougous règnent en maîtres juste là là ! (Attention aux imitations)


« Crise de vie constante »

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