Onyx « All we got iz us »

Onyx n.m. (gr. Onux, ongle [à cause de sa transparence]) :

1. Agate d'une variété caractérisée par des raies concentriques de diverses couleurs.

2. Groupe de rap formé à la fin des années 80 dans les rues obscures du Queens par quatre rappeurs : Fredro Starr, Sticky Fingaz, Big DS et Sonee Seeza. Auteurs d'un rap ultra-violent, cru et enragé, ils firent sensation en 1992 avec leur premier album « Bacdafucup », certifié platine. Trois ans plus tard, les trois lascars remirent le couvert pour leur second album « All we got iz us » après le départ de Big DS. Trois autres albums sortirent (« Shut'em down », « Bacdafucup 2 » et « Triggernometry ») ainsi qu'un album de raretés (« Cold case files : Murder investigation ») et un nouveau est actuellement en préparation.

Malgré l'énorme succès de leur premier album, Onyx est resté musicalement le même : hardcore ! Evidemment le rap new-yorkais vivait une période où les breakbeats sauvages, les instrus minimalistes et les lyrics violents étaient extrêmement populaire avec la montée en puissance de groupes comme Mobb Deep, le Wu-Tang ou même plus tard DMX, mais Onyx est clairement un cran au-dessus, flirtant souvent avec l'horrorcore. Ici, chaque rime, chaque flow, chaque beat sonne comme la fin du monde dans d'affreuses souffrances.

La fin du monde... « Last Dayz »..., bienvenue dans l'univers d'Onyx, un univers violent et nihiliste, noir et rouge, sombre et oppressant. « Either head up or shut up 'cause bullets ain't got no names ». On est loin des clubs mais bel et bien au beau milieu des rues poisseuses de la Grosse Pomme, on « walk in New York » regardant à travers les yeux du ver qui la dévore avec une « Getto mentalitee » brutale qui crie « Shout » au milieu de la nuit mais nul ne l'entend, « Betta of dead ». Perdu, tu cherches ton chemin à un croisement. Où aller ? Mais il n'y a plus d'issue, « 2 wrongs » routes s'ouvrent devant tes pas. On est ici au plus profond du gouffre, pleine de « Punkmotherfukaz » plus mort « Most def » que vivants. Pour survivre ? « All we got iz us ».

Dans cet univers, peu sont ceux qui peuvent y entrer, en conséquence les beats sont entre les mains de Fredro Starr, pour la majorité, quelques uns étant signé par le groupe entier et « 2 wrongs » par Sticky Fingaz. Les instrus suivent toutes le même schéma : une boucle discrète, plutôt soul, accompagné d'un beat très dur au bpm assez élevé mettant la nuque à rude épreuve sans provoquer le moindre mouvement du popotin. Les 2 seuls invités, PI (sur « All we got iz us » et « Getto mentalitee ») et All City (sur « Getto mentalitee )» sont choisis parmi les proches du groupe. Tout ceci favorise une homogénéité certaine de l'album mais peu lasser, d'autant que les flows, bien que maîtrisés, sont monocordes et souffrent de peu d'évolution durant les 15 pistes, rendant une écoute suivie de l'album parfois difficile.

« I'm thinking 'bout taking my own life/I might as well/'Cept they might not sell weed in hell/And that's where I'm goin'/'Cause the devil's inside a me/They make me rob from my own nationality ». Les 15 titres sont un crochet violent en plein visage, il est difficile de s'en relever, album monolythique, aucun titre ne ressort particulièrement à l'écoute, mais je retiendrai tout de même « Last dayz » et sa petite voix pitchée, « All we got iz us (Evil streets) », « Betta off dead », « Live niguz », « 2 wrongs » et « Walk in New York ». Brut, dur, violent, « All we got iz us » l'est. Cela peut le rendre difficile d'accès, mais la qualité est néanmoins au rendez-vous pour les amateurs d'ambiances glauques et de Hip Hop sans concession aucune.





(p)&(c) Achim Shark 2009

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